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Au temps des Kalderash

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En Transylvanie, nombreux sont les villages qui vivent au son des marteaux. Les Roms Kalderash (Caldarasi signifie chaudronniers en roumain) suivent les traditions de leurs ancêtres. Comme eux,  ils travaillent le cuivre et fabriquent des marmites, des poêles ou encore des ibriks (récipients à café). 

Chapeaux en feutre noir pour les hommes et jupes longues et colorées pour les femmes : ils semblent venir d’un autre temps. Rencontre avec la famille Caldarar, très attachée à son patrimoine ancestral.



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du reportage photo

À Brateiu, au mois de janvier, tout est calme. C’est la pause hivernale, la neige et le froid empêchent les Kalderash de travailler dehors. Les femmes en profitent alors pour faire les marchés et les foires, afin de vendre les objets en cuivre.

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La famille Caldarar vit à Brateiu depuis toujours. Les ancêtres de Traian étaient nomades. Du printemps à l’automne, ils sillonnaient les routes du pays pour vendre leurs objets en cuivre. Mais chaque hiver, ils revenaient installer leurs tentes à Brateiu. Cela fait maintenant près de cinquante ans que la famille Caldarar s’est sédentarisée. 

Ica, comme toutes les femmes kalderash, couvre quotidiennement ses cheveux d’un voile coloré. 

Elles portent aussi de longues jupes à fleurs, toujours aussi colorées.

Les hommes, eux, portent tous le même chapeau, noir et rond, ainsi qu'un pantalon large et de belles chaussures en cuir.

 Traian a trente-sept ans. Il vit dans cette grande maison avec sa femme Ica, ses deux enfants, ses parents et sa grand-mère Saveta. Quatre générations cohabitent donc sous

le même toit, et Traian l’a annoncé fièrement,

la cinquième génération arrive bientôt. 


La famille vit du métier de chaudronnier depuis au moins six siècles. C'est un savoir-faire qui se transmet de père en fils, et qu'on apprend tout jeune. Traian accompagne son père au labeur depuis qu’il a treize ans. Traian veut que ses enfants suivent ses traces. Pour lui, « kalderash », c’est un métier concret. Prendre une autre route, ce serait risqué. 


La famille Caldarar vit en complète autonomie, entre la vente du cuivre et leur gospodaria, leur petite ferme.

La clientèle des Kalderash est pratiquement toujours non-rom. « Les ibriks et les poêles ont beaucoup de succès auprès des Roumains », raconte Ica, 38 ans. « Nous, les Roms, on n’achète pas les objets en cuivre, on les fabrique », ajoute Traian.


En plus de s’occuper de la vente des objets, les femmes lustrent le cuivre avec du jus de citron ou du produit vaisselle.

Traian est très fier de son métier car il fait vivre sa famille depuis des générations, surtout dans les moments difficiles. Après l’Holocauste, alors qu’ils n’avaient plus rien, ils ont pu se reconstruire grâce au commerce du cuivre. « Ce savoir-faire est ma richesse », affirme Traian.

Pour démontrer la résistance du cuivre, Traian évoque la Bible : lorsque Noé part sur son arche, il aurait pris avec lui des objets en cuivre car ce sont des objets qui durent très longtemps.

« Dans cette maison, la tradition est plus forte que la modernité », affirme Traian. Malgré l’arrivée d’internet et des téléphones portables chez eux, ils continuent à porter les mêmes tenues que leurs ancêtres et travaillent le cuivre selon la tradition des Kalderash. Les Kalderash se marient seulement entre eux. Ce sont les parents qui choisissent le ou la futur(e) conjoint(e). C’est une pratique ancestrale qui permet de maintenir les coutumes.

Saveta est l’aïeule de la famille. En 94 années, elle a été témoin des nombreuses injustices subies par les Roms, notamment la déportation en Transnistrie. En 1942, elle fait partie des quelques dizaines de milliers de Roms à être exilés dans cette région, située entre l’Ukraine et la Moldavie d’aujourd’hui. Le maréchal Antonescu avait alors donné l’ordre de déporter « tous les Tsiganes nomades résidant dans les camps à travers le pays ».


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